Ma lumière
J’ai perdu ma lumière. Cette étincelle qui me faisait vibrer. Ce feu qui me rendait si spéciale. Depuis quand ? C’est difficile à dire… Peut être depuis ma séparation d’avec R. Peut être bien avant. Tout ce que je sais, c’est que depuis quelques années, je regarde ma vie passer. Ma vie qui m’échappe. Au début, je ne m’en rendais pas trop compte. J’étais trop occupée à faire croire à qui voulait bien l’entendre que j’étais heureuse. Avant, j’arrivais à ressentir le bonheur sans avoir cet arrière goût de douleur. Avant, j’arrivais à rencontrer de nouvelles personnes sans ressentir cette angoisse. Avant, j’avais cette étincelle dans les yeux qui me rendait attirante. Aujourd’hui, chaque instant de bonheur est suivi de cette atroce brûlure au fond de mon coeur. Aujourd’hui, chaque nouvelle rencontre est accompagnée de l’angoisse de n’avoir rien à raconter, de ne pas être assez intéressante, de ne pas être assez belle, de ne pas être assez… Aujourd’hui, mon regard n’est plus le même. Est-ce que les autres le remarquent ? Je ne sais pas. Il faut dire que je ne sors plus souvent. Mes amies, que je voyais déjà très peu, ont maintenant des enfants. Je les vois moins souvent et c’est normal. Quand je réussis enfin à les voir, je remarque à quel point elles sont rayonnantes et épanouies. Je passe toujours un très bon moment et je suis si fière d’elles. Mais lorsque je me retrouve seule chez moi, la solitude et ce sentiment de vide deviennent encore plus lourds. Ma vie se résume à aller travailler en mode "pilote-automatique" du lundi au vendredi et le reste du temps je ne fais rien. Je reste là à regarder la télé sans vraiment la regarder. Mon appartement est dans un état pitoyable. Je n’arrive pas à en parler à mon entourage pour plusieurs raisons. Ma mère s’inquièterait beaucoup trop et ça la rendrait trop malheureuse. Comme elle a eu plusieurs épisodes dépressifs, je ne veux pas lui faire subir ça. Mon père et ma soeur ne comprennent pas vraiment ce que c’est que de ressentir ce mal-être. Pour avoir vu leur réaction lorsque ma mère était dans cette situation, je sais qu’ils ne comprendraient pas. Et mes amies.... Je les vois si peu que je préfère passer un bon moment avec elles que de rendre ce moment lourd. Je ne veux pas non plus qu’elles s’inquiètent. Je ne veux pas mettre une ombre sur leur bonheur. Il y a un an, je suis allée consulter chez la psy… Je me suis sentie comme une adolescente qui se plaint de choses futiles et sans intérêt. Ce n’est certainement pas ce qu’elle voulait, mais c’est comme ça que je me sentais. Elle me disait de sortir, de faire de l’exercice, de rencontrer des gens et surtout d’en parler à mon entourage. Je sais qu’elle avait raison. Je sais que je devrais le faire. Il y a des jours où j’arrive à aller marcher. Il y a des jours où j’arrive à sortir sans anuler à la dernière minute. Mais pas assez souvent. Vraiment pas assez souvent. Je me dis toujours : "Demain, je vais le faire" et demain arrive et je me redis la même chose. Encore et encore. Je veux retrouver ma lumière. Je veux revivre toutes ces belles sensations que je vivais autrefois. Je veux mettre de côté cette période sombre de ma vie. Je veux me sentir belle, forte et intéressante. Je veux VIVRE simplement et être heureuse.