Nobody knows...

Quelle famille!

Ma famille a toujours été ... Comment dire… Étrange ? Anormale ? Dysfonctionnelle ? Enfin, je ne sais trop… Quand surviennent des évenements qui me dépassent, j’arrive habituellement à lâcher prise. Même lorsque ça semble insurmontable… Même lorsque c’est, selon moi, inexcusable. J’arrive à me dire que toute cette méchanceté vient des troubles de santé mentale et de la souffrance… Ça n’excuse pas, mais du moins, ça explique. Les derniers évenements, je n’arrive pas à les expliquer… Ça fait remonter toutes les frustrations, toutes la peine et toute la douleur vécues à travers les années. J’ai comme une boule de rage dans la poitrine et je n’arrive pas à m’en débarasser. Pourtant, la colère est sûrement l’émotion dont j’arrive à me débarrasser le plus facilement. Habituellement… Parce que j’arrive à faire la part des choses. Parce que j’arrive à trouver des explications. Parce que je refuse de me laisser submerger. Je crois que j’ai besoin d’écrire toutes ces choses… Peut être pour tenter de les exorciser. J’ai du mal à en parler parce que, même moi, je trouve certaines histoires irréelles… un peu tirées par les cheveux… Si je ne les avais pas vécues, je n’y croirais peut être pas. Ou je tenterais de trouver une explication rationnelle et bienveillante comme la plupart des gens à qui j’en ai parlé… Bon… Par où commencer ? Commençons par ce qui a réveillé toute cette frustration.

Mon grand-père mourra le 30 mars prochain. Ça fait bizarre de dire ça. Ce n’est pas dans l’ordre des choses de savoir à quelle date quelqu’un mourra. Après près de 3 ans de souffrances quotidiennes, il a demandé l’aide médicale à mourir. Ça aura lieu le 30 mars, 16ième anniverssaire du décès de ma grand-mère. Les gens à qui j’en parle me jettent un regard plein d’empathie. Ils me disent qu’au moins nous aurons la chance de lui faire nos adieux. On me dit de profiter de ces derniers moments. La vérité, c’est qu’on a jamais été proches. Je n’ai aucun souvenir de moi, jouant avec mon grand-père quand j’étais petite. Je n’ai aucun souvenir d’avoir déjà eu du plaisir en sa compagnie. Je n’ai jamais ressenti son amour… pour qui que ce soit. La vérité c’est que mon grand-père ne sais pas ce que c’est que de vraiment aimer quelqu’un. C’est homme dur et froid. Je sais… vous vous direz peut être que ça ne se fait pas de parler comme ça d’un homme qui va mourir. Mais je vais appeler un chat un chat. Quand j’ai appris la nouvelle, ça m’a boulversé. En grande partie pour ma mère. Une partie de moi était triste de ne pas avoir été près de lui. J’ai proposé à ma mère qu’on passe le voir avec ma soeur et ma nièce (qu’il n’a jamais rencontré). J’ai cru, naïvement, que ça lui ferait plaisir de voir ses petits enfants et son arrière petite fille avant de mourir. Il a dit que ça ne lui dérangeait pas qu’on passe, mais d’appeler la veille pour s’assurer qu’il était assez en forme pour nous recevoir. Dans la même discussion il a dit à ma mère qu’il ne voulais pas que 2 de ses 4 enfants sachent qu’il va mourrir, ni même qu’ils soient avisés lorsqu’il sera décédé parce qu’ils l’ont, selon lui, abandonné (ça aussi c’est une longue histoire qui viendra plus tard). Il a dit qu’il ne veut pas de funérailles et qu’à son enterrement, il ne veut que ma mère, une de mes tantes et sa femme. Ma mère a été très surprise par ces demandes. Elle lui a dit : "Tu ne veux pas que tes petits-enfants soient présents ? Même pas pour me supporter?" Et il lui a répondu : "Non, on était pas proche..." Me rendant bien compte que notre visite ne changerait rien pour lui et ne sachant que faire de cette information, je me suis dis que je pourrais aller le visiter quand même comme ça "ne lui dérange pas". Pour ma mère… Mais aussi pour moi. Ne sachant pas comment je vais réagir lorsque ce sera terminé, j’avais peur de regretter de ne pas y être allé. Mais voilà, la veille de notre visite ma mère l’appelé. Il était en forme, c’était une bonne journée. Malgré tout, il a dit qu’il ne voulait plus qu’on vienne le voir… Qu’il n’avait rien à nous dire. Il lui a demandé de venir seule. Elle était tellement boulsersée et en colère qu’elle lui a dit qu’elle viendrait un autre jour. Mais quel genre de grand-père ne veut pas voir ses petits enfants avant de mourir ? Quel genre de grand-père refuse à ses petits enfants d’être présent à l’enterrement ? Qui refuse que ses enfants soient supportés dans une telle épreuve ? Les gens sont portés à croire que c’est parce qu’il veut nous éviter de la peine. Ce n’est pas ça. Il ne nous aime pas. Il ne ressent pas l’amour. Il n’a jamais demandé à nous voir, ni même demandé de nos nouvelles. Il a attendu 58 ans, de se retrouver paralysé en résidence pour personnes âgées et de devenir dépendant de ses filles pour leur dire qu’il les aime. Mais pas un "Je t’aime" senti… Plus un "Je t’aime parce que tu t’occupes de moi". Au fil des années, mon grand père a prouvé à plusieurs reprises qu’il n’était pas capable d’aimer. Son père étant pire que lui, je me dis que ceci explique cela. Lorsque son père a tenté d’agresser ma grand-mère, il a fermé les yeux. À l’adolescence, ma mère a été violée par un homme du voisinage. Lorsqu’elle a voulu porté plainte, mon grand-père ne l’a pas cru et l’a empêché de dénoncer. Il a même reparlé de cet homme récemment en disant qu’il était le "chum" de ma mère… Il a dénigré et s’est moqué de ma grand-mère jusque sur son lit de mort. Et lorsqu’elle est décédée, il a jetté toutes ses choses dans la poubelle de la chambre d’hôpital. Son corps était toujours dans la pièce et pas encore froid. Il a interdit à ses frères et soeurs d’être présents aux funérailles et les a menacé d’appeler la police s’ils venaient quand même. Ils nous a interdit d’y apporter des fleurs. Il a fait enterrer ses cendres sans en aviser personne et sans même se déplacer pour assister à l’enterrement. Elle a été enterrée seule… comme un chien. Il y a quelques années, il a fait déterrer les cendres de sa propre mère parce qu’il ne voulait pas conserver le lot au cimetière (qui était payé pour encore 25 ans). Il a ensuite jeté l’urne et les cendre aux ordures. Lorsque son père est décédé, il a fait 1h de route pour aller pisser sur sa tombe. Tout ça sans compter ce que je ne sais pas. J’essaie de trouver de la bonté en lui, je n’y arrive pas. J’essaie de trouver une explication à tout ça. À part le fait que son père était pire… je ne sais pas… Il me semble que c’est une excuse facile… Ou peut-être pas… Normalement, lorsqu’on sait qu’on va mourir, on en profite pour régler des choses… Pour laisser tomber notre carapace et montrer un peu d’amour. Malgré tout, à une semaine de son dernier souffle, il continue de se dire satisfait et en paix avec sa vie. Il dit qu’il mourra avec le sourire au visage. Je me rends compte que peu importe les raisons derrière son comportement, il les emportera dans sa tombe. Peut-être est-ce pour cette raison que j’ai du mal à me débarasser de cette rage qui m’habite…